J’ai écrit il y a bien des années un texte, « Pour pardonner, donner » , qui me semble toujours essentiel: en choisissant de faire un geste en direction de l’autre à qui on en veut, on change son propre coeur, et on oublie plus vite l’offense ressentie.
Plus récemment j’ai trouvé, dans un livre dont je n’ai plus la référence, une suggestion un peu analogue :
L’auteur raconte l’histoire d’un businessman (ou autre responsable) qui, pour se réconcilier avec un autre homme d’affaires qu’il connaît bien, lui demande s’il accepterait de lui prêter pour quelques jours un certain livre, assez précieux, qu’il se rappelle avoir vu dans sa bibliothèque! En somme il lui demande un service! L’autre accepte.
Et l’auteur explique: nos actes influent sur nos pensées; le deuxième homme d’affaires, ayant prêté le livre, va « rationaliser » ce qu’il a fait, et penser désormais que s’il a prêté le livre, c’est que l’autre après tout n’est pas si haïssable…
Moral ou pas moral, si ce truc correspond de fait à ce qu’est notre psychologie, il est intéressant à garder en tête. Et il a des points communs avec mon texte, sauf que le problème est pris dans l’autre sens.
Du coup j’ai aussi pensé à Comte-Sponville et à son « Petit traité des grandes vertus », qui commence par… la politesse! Ce n’est pas une vertu, explique Comte-Sponville en citant Kant, mais c’est ainsi que l’on fait un premier pas vers la morale. C’est pourquoi on enseigne la politesse aux enfants. Le respect s’apprend à travers cette éducation. Certes la politesse n’est pas le respect, mais « on finit par ressembler à ce qu’on imite ».