Le livre « The singularity is near » de Ray Kurzweil explique que des superordinateurs, bien plus intelligents que l’homme, existeront sur terre d’ici une cinquantaine d’années, le développement des capacités des ordinateurs étant de plus en plus rapide.
Kurzweil suppose aussi qu’on aura complètement décrypté comment fonctionne le cerveau, etc.
Sur ce dernier point les expériences aux frontières de la mort (NDE) devraient rendre les prévisionnistes plus modestes: manifestement il y a « de l’au-delà » dans le fonctionnement de l’homme, au moins dans certains cas, puisque la vue, l’ouïe, etc. continuent parfois à fonctionner même quand le cerveau est complètement inactif.
Mais si on regarde maintenant ces futures « intelligences supérieures », à supposer qu’elles ne soient pas greffées sur un homme, on peut se poser quelques questions, et par exemple:
– Quelle sera leur « sensibilité » : sensations agréables ou désagréables, peurs, etc.?
– Auront-elles des désirs? des préférences autres que « logiques »; et, ces préférences étant forcément basées sur des hypothèses, quelle sera la méthode de choix, autrement dit quelles seront les valeurs?
– En somme, ces machines auront-elles de la volonté?
Je ne doute pas que certains penseurs proposent ou proposeront des réponses à ces questions; je n’ai d’ailleurs lu pour l’instant qu’une partie du livre de Kurzweil.
Mais le corps, pour nous autres humains, est loin d’être simplement un accessoire; nous sommes ce qu’il est. « Je suis un corps » écrit très joliment Benoît Billot (« Voyage dans le bouddhisme zen »).
Je pense aussi, comme chrétien, à cette phrase de la lettre aux Hébreux, à propos du Christ:
« Tu m’as fait un corps » (Hébreux 10,5).
Et le texte continue: « Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté »
Peut-être ces intelligences artificielles découvriront-elles qu’il y a un au-delà, comme les NDE semblent le prouver!
Addendum (22.9): J’ajoute, en commentaire pour ne pas trop allonger ce billet, une réflexion d’André Comte-Sponville dans son dernier livre.
Je lis dans « C’est une chose tendre que la vie » d’André Comte-Sponville, pages 83 à 86, une réflexion sur le fait que la neurobiologie, par exemple, ne pourra jamais dire qui, de deux personnes aux convictions différentes, a raison, ou quelle valeur doit l’emporter; et il renvoie plus loin, à ce sujet, à son excellent livre « Valeur et vérité », dont les idées sont reprises aussi dans « Le capitalisme est-il moral », voir en http://plestang.free.fr/p3.htm#capita.
Ce que dit Comte-Sponville rejoint tout à fait ce que j’ai écrit sur le même sujet il y a une douzaine d’années (« A propos des neurosciences » http://plestang.free.fr/neuro.htm).