En lisant une interview de Luc Ferry, je ne peux m’empêcher d’avoir envie de répondre.
» Les religions reposent sur le principe de la foi, de la vérité révélée »…
Toute conviction raisonnée repose sur un ensemble de faits. Le christianisme n’est pas une « vérité révélée ». Il est un fait, le fait Jésus; que l’on croit vrai ou non. Mais, sur tout sujet, chacun de nous croit ou ne croit pas; le mot « foi » ne convient pas. Chacun de nous a des convictions. Luc Ferry (comme beaucoup de gens, certes) voit un absolu dans « la foi », là où je vois simplement la reconnaissance d’un fait, dont je suis convaincu qu’il est vrai: Jésus a existé, il nous a montré comment aimer, et s’est montré vivant après sa mort.
La question est alors: « est-ce possible? » Je constate que c’est vrai (je suis tout à fait convaincu que c’est vrai): … donc c’est possible!
« Pas besoin de Dieu »
Je n’ai pas « besoin » de Dieu: je constate qu’il existe des êtres supérieurs, qui se montrent à nous notamment en Jésus. C’est un fait – que j’en aie « besoin » ou pas!
« La résurrection des corps, pas simplement des âmes… »
Je ne sais contre qui Luc Ferry bataille ici: je ne peux pour ma part pas séparer mon corps d’autre chose, qu’on l’appelle âme, esprit ou autrement. Ma conviction – appuyée sur les faits chrétiens comme sur les NDE – est que l’existence continue après la mort: « est-ce avec mon corps ou sans mon corps, je ne sais »: mais c’est moi – moi complet ! Ce n’est peut-être pas sur cette terre, mais d’abord et surtout dans des dimensions en plus, dont les NDE nous donnent une idée (voir l’exposé que j’y ai consacré).
« La promesse de la religion chrétienne, c’est la mort de la mort. »
Ce qu’apporte la religion chrétienne, c’est l’amour allant jusqu’à la croix, condition pour s’élever spirituellement. « La mort de la mort », non; la vie après la mort, oui, mais là encore les NDE nous le montrent peu à peu, et tous les hommes devraient progressivement en accepter la réalité.
« Les (..) religions (..) promettent le salut, c’est-à-dire la vie bonne, par Dieu et par la foi, là où les philosophies (définissent) la vie bonne sans Dieu et sans la foi; par soi-même et par la lucidité de la raison. »
Le « salut » est-il « la vie bonne »? C’est une façon de parler chère à Luc Ferry. Les chrétiens n’emploient pas cette expression. Le salut, c’est d’entrer dans l’amour, de plus en plus; cela rend heureux, ce qui est un « plus ». C’est « la bonne façon de vivre« …
Alors que, pour un chrétien, toute autre façon de vivre manque plus ou moins la cible: et donc n’est pas la vie bonne!
Dire que « les philosophies » définissent la vie bonne « sans Dieu et sans la foi » est une affirmation inexacte! Il y a en effet des philosophies chrétiennes !
Atteindre (et non « définir ») une vie bonne « par soi-même, et par la lucidité de la raison » est une prétention classique de l’homme, qui ne veut rien devoir à qui que ce soit d’autre.
Quant à la lucidité de la raison, elle consiste justement à accepter ce qui est vrai, même si c’est le contraire de ce que l’on pensait avant.
Et je veux ici une fois de plus renvoyer à Ferdinand Gonseth, le philosophe de l’ouverture au changement d’opinion !
P.S. : En fait ce que Luc Ferry appelle « vie bonne » est sans doute ce que d’autres appellent le sens de la vie: le sens que l’on peut trouver/donner à sa vie.
Il n’en reste pas moins inexact de dire que la philosophie définit un sens de la vie « sans Dieu »: d’abord parce que beaucoup de philosophies, me semble-t-il, ne s’intéressent pas au sens de la vie! Ensuite parce que, je le répète, il y a des philosophies qui comprennent l’ouverture à l’au-delà. Le refus de l’au-delà est une option philosophique.