Etranger… difficile à aimer: telle est ma réflexion après avoir assisté/participé à une messe dans une communauté que je ne nommerai pas.
L’excellent blog Judeopedia m’aide à retrouver deux citations du Premier Testament (Dt 10,19 et Lv 19,34) qui concernent l’étranger, et qui ne sont pas celle que l’on cite habituellement, à savoir « Tu aimeras ton prochain » (Lv 19,18).
Dans cette communauté, j’avais l’impression de revenir 50 ans en arrière. Mais aussi, curieusement, à travers ces jeunes si contractés, centrés sur le rite, je me retrouvais un peu moi-même vers 1960, quand j’avais 20 ans et que je voulais (déjà, mais à ma façon de l’époque) me donner entièrement au Seigneur.
Je vis maintenant un christianisme de douceur et de miséricorde. Et cette phrase m’est venue: il faut les aimer comme on aime un étranger. Car si je crois qu’ils sont « mon » église, j’ai vraiment du mal avec eux, tant leur souci du sacré et leur attitude compassée me paraissent loin de la façon dont je souhaite vivre l’eucharistie; dont je souhaite vivre l’amour.
Une fois qu’on a dit qu’il s’agit d’étrangers, on peut sans doute apprendre à les aimer… Je ne dis pas cela avec dureté, ni avec une sorte d’humour; mais plutôt comme un « truc » psychologique qui peut m’aider.
D’autant qu’il y avait de belles choses dans cette liturgie: à commencer par plusieurs chants, dont l’Alleluia et le Sanctus, « retombant » en quelque sorte en cascades, un peu comme les chants solennels des messes en latin d’autrefois.
Et surtout la consécration a été très belle: jamais je n’avais vu/entendu un prêtre prononcer les paroles consécratoires aussi lentement, et comme si c’était vraiment Jésus, présent, qui les disait solennellement, mot par mot, à ses disciples, car il sait qu’il va mourir. Pour cela seul cette rencontre est inoubliable.
Je me rends compte que ma difficulté avec le reste est psychologique: ils sont ce que je n’ai plus voulu être; ce dont j’ai mis 50 ans à sortir!
Et du coup cela peut m’aider à comprendre ceux qui rejettent la religion: parce qu’il a fallu qu’ils rejettent la façon dont on la leur faisait vivre, tant elle était nocive pour eux !
Ce n’était pas mon cas heureusement; moi, elle était déjà ma vie; mais une vie étroitement conçue, volontariste, dont le Seigneur m’a fait sortir. Loué soit son nom!